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18 mai 2007 5 18 /05 /mai /2007 16:54

 

 

La Droite la Gauche et la «Fin de l’Histoire ».


J'ai été intrigué de voir ressurgir dans un article de voltairenet.org, la légende de la "Fin de l'Histoire".
Le fait qu’il puisse exister une fin de l’histoire est une théorie qui fut évoquée par Le professeur Francis Fukuyama http://www.voltairenet.org/auteur5147.html?lang=fr au moment de l’effondrement de l’URSS. Ce cher professeur « néocons » croyait qu’avec cet effondrement, la lutte des classes allait cesser et que l’Histoire dont il pensait qu’elle avançait grâce à cette lutte allait du coup s’arrêter net. D’abord on est confondu par la stupidité de cette utopie provenant d’un des intellectuels les plus populaires de ce que l’on appelle l’occident et par la publicité qui en a été faite. Cette théorie fumeuse montre l’état de coma dépassé dans lequel se trouve la pensée politique étasunienne et occidentale.

 

 

 

 

M. Fukuyama pensait que la lutte des classes et en corollaire l’affrontement des idées et des projets de société avait pour source l’URSS et les partis communistes et que, ceux-ci disparus, toutes contestations des systèmes en place et tous projets de société disparaîtraient également. M. Fukuyama, outre qu’il rendait un hommage involontaire et totalement immérité aux dits communistes, il ignorait les gens, les peuples, leurs volontés, leurs espoirs, leur capacité de produire des idées et des projets en dehors de contraintes idéologiques vites surannées.

Ce fantasme d’une possible fin de l’histoire n’est pas nouveau même s’il n’a jamais été évoqué aussi crûment que par Fukuyama. Les tyrannies de tous ordres ont toujours cherché à s’établir jusqu'à la nuit des temps en imposant leur « paix » et leur pouvoir, sans percevoir la force entropique de ce temps minant inexorablement toute construction étatique se voulant pérenne et impériale. La « Pax Romana » imposée par le massacre de masse aux peuples du large pourtour méditerranéen du 1er au 5ème siècle représentait déjà cette idée que la tyrannie était en mesure de refroidir le temps de le geler et de l’arrêter pour un million d’année. Le flot germanique emporta l’utopie et l’histoire repartie de plus belle.

Au 19ème siècle, la théorie marxiste a bien remarqué que les luttes et contradictions entre classes sociales étaient le moteur de l’Histoire cependant elle proposait a contrario, de résoudre ces contradictions en établissant la dictature d’une classe sur l’autre donc de faire cesser cette lutte par la disparition de la classe vaincue et vous l’avez bien compris d’arrêter l’Histoire aussi nettement qu’avec le fantasme «fukuyamesque». En matière d’utopie le Nazisme ne fut pas en reste qui pensait établir le 3ème Reich pour mille ans.

Aujourd’hui la « Pax Americana » est proposée au monde avec justement cette fameuse fin de l’histoire en prime.

D’autres dérivés de la même frayeur du temps et de ce que les peuples peuvent faire avec existent de ci de là. On peu citer les théories de Malthus, le développement Zéro cher au club de Rome des années 70, et plus moderne chez les écolo gauchistes des fantasmes de décroissance, de retour à la terre et pourquoi pas à l’âge de pierre ou il n’y avait de CO2 que dans le pet des mammouths.

Vouloir que le temps s’arrête est une volonté aussi humaine que la peur de la mort et les idéologies de pouvoir apaisent en général ces peurs en produisant mythes et utopies sur une possible résurrection et un probable arrêt de l’Histoire, si on est bien sage avec le maître. Quoi de plus naturel !

 

Depuis que l’homme existe nul n’a jamais vu de morts ressuscités ni d’Histoire arrêté, sauf bien sure évoqués par les mythes religieux, mais ce ne sont que des mythes. Dans le monde réel les hommes naissent et meurent, transmettent mythes, utopies et idées à leur descendance avec l’histoire de leur vie plus ou moins bien rapportée. Le plus souvent d’ailleurs plutôt mal car ce sont toujours les maîtres qui rapportent et ils ont tendance de raconter l’Histoire à leur façon. Celle-ci doit être édifiante pour que les soumis puissent obéir et accepter leur état sans histoire pour justement « la nuit des temps ».

 

Si nul n’a jamais pu constater un arrêt de l’Histoire cependant, il est observable que parfois les évènements s’accélèrent, qu’il existe des périodes de croissance, de progrès humains et technologiques et des périodes de décadence. Par exemple pour les périodes de progrès, du 5ème siècle au 1er siècle avant JC, puis les 12 et 13ème siècle puis les 19 et 20ème entre temps, si l’histoire n’était nullement arrêtée, les forces de progrès provisoirement vaincues essayaient d'inventer un autre monde. Entre temps régnait tyrannies, despotismes, censures et obscurantismes. Ces périodes décadentes et obscurantistes où l’on brûlait les sorcières furent toujours annoncées par des prophètes de mauvais augure plaçant la morale au dessus du progrès. J’aime particulièrement citer l’archevêque de Paris Etienne Tempier qui censura l’université de Paris en 1277 tant cet évènement est caricatural de toutes époques annonçant une décadence, le 14ème siècle fut en Europe le plus apocalyptique de l’Histoire de l’Europe l’occidental.

 

J’ai bien l’impression qu’aujourd’hui, une cohorte d’Etienne Tempier se bouscule pour censurer, moraliser, interdire.

 

Alors, la gauche et la droite de ce temps sont ils des moteurs de l’histoire avançant vers le progrès. L’effondrement de la Gauche et sa disparition ferait elle craindre une fin de l’histoire ?

 

Bien évidemment, tout essoufflement, tout mutisme, tout effondrement des forces organisées du progrès ne peuvent qu’annoncer non pas une fin mais un refroidissement de l’Histoire, un gèle, avec une période de tyrannies et d’empires. C’est bien à cela que nous assistons depuis quelques temps!

Pour vérifier si la Droite et la Gauche aujourd’hui sont bien deux forces politiques supportant des concepts contradictoires et faisant avancer l’Histoire par leurs confrontations et débats. Cherchons à définir l’une et l’autre.

 

Classiquement la Droite est conservatrice et la Gauche progressiste, ce sont les deux éléments forts qui les qualifient sans contestation depuis que cette notion politique existe.

A ces qualifications fondamentales et historiques découlent d’autres notions issues de comportements également observés dans l’Histoire.

 

Je place à droite des valeurs de contrainte et à gauche des valeurs de liberté, dans le sens où j’estime après observation, que l’usage de la contrainte porteuse d’entropie est plutôt l’apanage des conservateurs et que la liberté est ordonnatrice donc porteuse de progrès.

 Droite Gauche 
   
 Conservateurs Progressistes 
 Contraintes Libertés 
 Entroprie Enthalpie 
 Despotisme République 
 Ordre moral Libéralisme 
 Religion d'état Laïcité 
 Racisme, eugénisme Egalité 
 Charité Fraternité 
 Colonialisme, impérialisme Liberté des peuples 
 Pétainisme Résistance 
 Etat Nation République 
 Lois implicites Lois explicites 
 Capitalisme monopoliste d'état Libre concurrence 
 

 

 

 

 

 

 


 

Evidemment j’entends d’ici les protestations véhémentes de gens se croyant à gauche, voyant que je les place ostensiblement à droite. Je ne peux que leur répondre qu’il n’y a aucune honte d’être à droite, que le progrès et la liberté effraient et que c’est bien naturel. J’entends également des gens, beaucoup, certainement la grande majorité, se trouvant en partie à droite et en partie à gauche rien que de plus normal je les rassure. Un national étatiste peut très bien être pour le droit des peuples à disposer d’eux même. Et puis ceci est ma vision personnelle de la droite et de la gauche ne prenant que la liberté et le progrès comme instrument de mesure.

 

Quelques explications sur certaines assertions qui ne plairons pas à mes amis partisans de l’état nation, ils sont fort nombreux hélas !

 

Quelle est la différence à mes yeux fondamentale entre la République que je place à gauche et l’Etat Nation que je place à droite.

La République est le lieu du contrat social convenu entre les citoyens. La république est égale à un corpus légal accepté par tous. La République définit donc un espace public, c'est-à-dire un bien commun. Etre citoyen d’une république véritable c’est à dire laïc n’implique donc aucune appartenance religieuse, culturelle, nationale (au sens de naissance dans un lieu donné impliquant une appartenance), exemple : un amérindien de la forêt amazonienne né dans le département français de Guyane est un citoyen français appartenant à une nation amérindienne, l’histoire de son peuple n’a rien à voir avec celle du breton ou de l’auvergnat. Ou l’immigré algérien venant d’obtenir la nationalité française est devenu citoyen à part entière rien n’empêche qu’il se dise appartenir à une nation arabe. Les corses se disant appartenir à la nation corse peuvent très bien être citoyens français. L’appartenance nationale peut donc être en contradiction avec l’appartenance citoyenne. L’appartenance nationale étant implicite (hors de l’habeas corpus) est donc une contrainte que je place donc forcément à droite. Si on superpose l’état à la nation on se trouve par le fait hors de l’état laïc. La naissance impliquant de fait une appartenance de devoir (se faire tuer) au service d’un état c'est-à-dire d’un pouvoir. Etre défini par sa naissance est assurément de droite !

Je veux bien me faire tuer pour défendre la République mais certainement pas pour défendre l’état « sarkozien »!

Bien évidemment il y a presque autant de définitions de la nation que d’auteurs de cette définition, on pourrait me répliquer en me contestant avec toutes autres définitions possibles et imaginables, ceci ne peut montrer que ce concept est trop flou pour être employé sérieusement dans le débat politique.

Je suis citoyen français appartenant volontairement à la République française et rien d’autre. Ces deux concepts, citoyen et république étant parfaitement et précisément descriptibles sans contestes.

 

La France a inventé la République laïc c’est une considérable révolution et un considérable avantage sur les autres pays car cette république permet de rassembler sous sa bannière tricolore des peuples divers en toute égalité. Elle y fut contrainte par l’Histoire car la France a toujours été un pays multi culturel, linguistique et national. Les autres n’ont que le communautarisme pour répondre à la diversité d’origine de leurs citoyens. La République laïc au contraire de l’état nation est un modèle d’organisation pour le monde. La France est bien mon esprit !

 

 

1ère remarque

Au vu du tableau ci-dessus il est fort difficile d’y faire adhérer un quelconque mouvement politique existant actuellement en France. La Droite et la Gauche institutionnelles en France sont donc loin de recouper la Droite et la Gauche de conviction, d’où l’aisance et l'habileté avec lesquelles Sarkozy se permet de jouer avec l’une et l’autre! Lui-même ayant parfaitement compris la confusion qui règne aujourd'hui sur ces concepts.

 

2ème remarque

Les fondements des institutions françaises laïcs et républicaines ont une forte appartenance de gauche. Les hommes de droite sont bien obligés de s’y associer à moins de les détruire.

 

3ème remarque

La campagne présidentielle a confirmé qu’il était urgent de défendre les valeurs républicaines menacées par le despotisme. En effet chaque candidat s’était présenté en tant que futur despote dévoyant la fonction qu’il prétendait briguer : de Président de la République, en Chef de l’état et ce dans une parfaite confusion entre les institutions législatives et exécutives.

 

4ème remarque

La confusion droite gauche est d’autant plus vive qu’il y a aujourd’hui plus d’hommes et de femmes se situant à Droite pour défendre l’indépendance de la France face à l’impérialisme états-unien que d’hommes et de femmes se situant à Gauche. (Kouchner est bien le pire des ministres des Affaires Etrangères que l'on puisse trouver à gauche comme à droite, le seul politicien qui ait osé en France approuver Bush, heureusement qu'il n'aura pas de pouvoir)

 

Il n’y a donc plus aucun débat depuis fort longtemps entre une droite conservatrice et une gauche progressiste, débat propre à faire avancer les idées. La droite institutionnelle devient parfois moins conservatrice qu’une gauche ossifiée sur des valeurs de contrainte et non républicaines.

Une période de glaciation historique est donc bien à craindre.

PS: Une analyse intéressante du résultat des présidentiellesde quelqu'un dont je ne partage pas les idées mais qui étonne par sa pertinence et qui ajoute à la confusion droite gauche actuelle. Découvrez avec étonnement.

Alain Benajam

 

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