Crise et souveraineté
Lettre ouverte à Messieurs Mélanchon et Dupont-Aignan
La crise est maintenant bien là, non pas qu'elle vienne à l'instant de survenir, elle était prévue depuis fort longtemps. Mais les grands de ce monde, ceux qui veulent nous gouverner, en ont pris enfin conscience. Ils ne peuvent plus avec leurs médias nous en cacher ses effets. Nicolas Sarkosy nous a dit à la télévision que c'était la crise la plus profonde jamais connue par notre économie. Mieux la CIA, découvrant l'Amérique, après une étude se voulant très sérieuse affirme que cette crise est la plus grande menace extérieure (sic) pour «l'Amérique». Pourquoi extérieure?
Les grands qui ont la prétention de nous gouverner ayant pris conscience de la gravité de cette crise, vont-ils prendre les décisions qui s'imposent pour l'amender? Déjà la remarque stupide de la CIA donne la mesure de l'incapacité de la première économie mondiale à procéder à une analyse sérieuse des raisons de cette crise et par conséquent de la façon d'en sortir. Etant donné l'esprit de soumission des dirigeants européens à l'idéologie anglo-saxonne il est peu probable qu'ils soient en mesure d'appréhender cette crise avec sérieux et efficacité.
Il faut tout d'abord prendre définitivement conscience que le microcosme politico médiatique global ne fera rien de sérieux. Il est déjà incapable d'analyser les causes de cette crise, il sera incapable de prendre les bonnes décisions. Prendre les bonnes décisions serait pour lui contredire son idéologie, serait pour lui, avouer qu'il a eu tort, qu'il nous a raconté mensonges et balivernes depuis des décennies. Ce serait pour ce monde se suicider, il ne pourra pas et il ne le fera pas. Il s'accroche et s'accrochera jusqu'au terme de sa propre mort naturelle. Mais d'ici là que de malheurs devront endurer les peuples.
Alors que faire?
Les peuples doivent œuvrer à accélérer la mort de ce monde et de sa grasse idéologie que nous imposent les anglo-saxons depuis deux cents ans. Cette idéologie est celle du «free trade» ou libre échange, a contrario il faut imposer La Solution. Cette solution est celle de la loi et de la République permettant de contrôler l'économie et de la soumettre au service des hommes. Cette loi commune, républicaine ne peut exister sans l'exercice de la souveraineté des peuples sur leurs propres nations.
Pourquoi souveraineté républicaine à la française contre libre échange à la britannique?
La crise est elle celle du capitalisme?
Les marxistes sont-ils en droit de jubiler? Est-ce la fin du capitalisme tant attendu?
Marx dans sa description du capitalisme, avait annoncé que, de par ses inexorables mécanismes, celui-ci creusait sa tombe. Les lois du capitalisme édictées par Marx devaient entraîner la baisse du taux de profit c'est à dire du rapport entre le montant des bénéfices et ceux des investissements. La concurrence faisait que la valeur des marchandises baissait et qu'il fallait de plus en plus d'investissement pour des bénéfices moindres. Marx disait également que découlait de ce mécanisme une paupérisation (appauvrissement) des salariés (classe ouvrière). Le capitalisme devait donc s'effondrer à terme. Cependant, 150 ans après l'écriture du «Capital», nous observons que non seulement le capitalisme ne s'était pas encore effondré, mais qu'il a permis une formidable explosion économique alors que dans le même temps les expériences sans capitalisme (socialisme) ont du être abandonnées par ceux la même qui les avaient promues comme l'URSS et la Chine. Il y a peu, le monde était en droit de penser que Marx s'était lamentablement trompé.
Marx ne s'était pas vraiment trompé car ses adeptes avaient oublié un élément important de la pensée marxiste. Dans ma jeunesse j'ai suivi les cours de l'école centrale du Parti Communiste Français et je me souviens que le professeur de philosophie marxiste disait que ceux qui affirmaient avoir compris Marx n'avaient rien compris à sa pensée. La pensée marxiste est subtile et abstruse. Les lois du capitalisme mises en lumière par Marx sont des lois tendancielles et fonctionnent en dialectique, c'est à dire que toute tendance rencontre forcément son contraire.
Le capitalisme a creusé sa tombe depuis qu'il existe certes, mais cette tombe a été dans le même temps comblée. Comblée par quoi? Par la loi!
En effet, la violence naturelle du capitalisme a engendré dans le monde occidental des réactions toutes aussi violentes de la part des exploités. Ceux-ci ont imposé des lois les protégeant, des salaires minimum, des congés payés, des systèmes de protection social, des moyens de santé, des moyens d'éducation, des lois encadrant les licenciements etc. Ces lois de protection, non naturelles, imposées par les pouvoirs démocratiques ont permis de stopper l'effet de paupérisation, à l'inverse elles ont engendré une tendance contraire d'enrichissement qui elle même a ouvert de nouveaux marchés au capitalisme qui ainsi a pu se développer. Lutter par la loi contre les tendances naturelles du capitalisme c'est défendre l'existence même du capitalisme.
Quand Marx rencontre Prigogine.
Marx a donc mis en lumière un ensemble de lois tendancielles en dialectique avec leurs contraire. Ces tendances contraires se manifestent particulièrement dans ce qu'il a appelé «la lutte de classe», combat perpétuel entre exploiteur et exploité, ou comme nous l'avons vu en occident, l'exploiteur ne gagne pas toujours, lui permettant ainsi de survivre et même de prospérer. Cet équilibre instable issu d'une lutte de classes sans fin a engendré un formidable développement de l'humanité depuis 150 ans. Que la lutte de classe s'arrête et tout s'écroule, c'est ce qui a été constaté dans le système soviétique et maintenant avec le système anglo-saxon de «free trade» et de «fin de l'histoire» ces systèmes sont pareillement entropiques par annulation de la recherche de l'équilibre.
Ilya Prigogine dans son maître ouvrage «La Fin des Certitudes» avait montré que les systèmes complexes en cours de complexification (anthalpiques) étaient toujours loin de l'équilibre et que la recherche perpétuelle de leur survie les amenait à perpétuellement trouver des solutions pour évoluer, cherchant désespérément cet équilibre convoité et jamais atteint.
Le capitalisme et son formidable potentiel de développement a besoin de son contraire c'est à dire la loi, pour exister.
La globalisation anglo-saxonne a détruit le pouvoir des nations légales sur l'économie. La recherche naturelle du profit maximum immédiat a conduit sans frein les capitalistes à s'implanter la où les lois n'existaient peu ou pas leur permettant une exploitation maximum des travailleurs. Ce faisant il détruisait les emplois là où ils possédaient des marchés, détruisant par la même ces marchés. La fameuse tombe a repris sont creusement sans pouvoir être comblée cette fois.
Ce qui semble paradoxal mais qui ne l'est pas, est le fait que c'es pays sans lois sont le plus souvent des pays ayant tenté une expérience non capitaliste. Bien évidemment au cours de cette expérience, la lutte de classe étant éteinte nul n'était besoin de lois pour la réguler. Ce fut la divine surprise du capitalisme qui s'est rué vers ces pays comme la Chine pour y chercher un profit immédiat.
Que faut il faire pour que la tombe du capitalisme se comble de nouveau? Des lois! Encore faut il pouvoir les appliquer! Pour faire appliquer ces lois il faut des nations légales (certains les appellent état-nations. Je n'aime pas ce mot qui ne décrit pas exactement ce qu'est une nation légale). Les lois sont toujours différentes par nation. Construire des lois communes à l'ensemble de la terre est une parfaite utopie et serait contre productif car l'expérience des uns même négative doit pouvoir profiter aux autres. Chacune des nations doit pouvoir expérimenter ce qui lui semble efficace et montrer son expérience en exemple. Là se trouve la clef de l'enthalpie sociale. Le paradigme d'organisation de la planète doit être le réseau ou chaque nœud est souverain et puisse échanger avec les autres dans l'égalité. Les anglo-saxons nous ont jusqu'à présent proposé la jungle comme modèle d'organisation, se croyant les plus forts ils ont pensé y faire régner leur loi de prédation, ce qu'ils ont accompli finalement n'ayant plus d'opposants.
Notre pays, celui de «l'Esprit des Lois» fort de ses traditions républicaines doit pouvoir être l'avant garde du renouveau. Cependant il ne peut y avoir de république et de lois communes sans souveraineté. Les peuples et singulièrement le notre se doivent de reconquérir le pouvoir sur leur nation afin de faire appliquer ces lois de sauvegarde.
Recouvrer la souveraineté des nations et mettre un terme à la globalisation libre échangiste sont les toutes premières actions à mener pour sortir de la crise. Après et seulement après, ceux qui ont des solutions de «gauche» et ceux qui ont des solutions de «droite» reprendront le débat républicain.
Il est temps et nécessaire d'unir les forces véritablement républicaines de ce pays qu'elles se prétendent de gauche ou s'affirment de droite.
Monsieur Mélanchon: Communistes et surtout Trotskystes ne sont pas républicains! Ce qu'ils veulent c'est la fin de l'histoire par l'extinction de la lutte de classe, ce ne peut être vos alliés, quand aux Verts, il seraient plutôt nos adversaires.
Monsieur Dupont-Aignan, la droite UMP, laudatrice du système libre échangiste anglo-saxon n'est pas votre alliée c'est le Parti de l'étranger comme l'aurait appelé le général De Gaulle.
Quand la patrie fut en danger sous le joug nazi le général De Gaulle homme de droite et Jean Moulin homme de gauche surent imposer à la France l'union de tous les républicains, pour résister à l'envahisseur. Ils surent créer le Conseil National de la Résistance qui permit une foi le fascisme vaincu de reconstruire la république.
La patrie est en danger maintenant!
Messieurs Mélanchon et Dupont-Aignan, j'ai pris l'habitude de vous lire et je sais que vous êtes d'accord sur ce que je considère comme l'essentiel.
Unissez vos listes pour les élections européennes, créez nous un pôle républicain dans la parité. Soyez l'un et l'autre en toute égalité les leaders d'une nouvelle action politique dont la France et le monde ont éminemment besoin pour sortir de la crise.
Reconstruisons ensemble la souveraineté des nations.